Lignières (18) : Un vaste chantier pensé et mené à bien par un passionné, Didier DUFOUR - (Nadine MARECHAL)

Didier Dufour, artisan de l'événement

Le cyclo-cross, on aime ou on n'aime pas. Spécialité hivernale, elle fait la part belle aux guerriers… qui, bien souvent, la délaissent dès qu'une équipe professionnelle leur fait les yeux doux et les invite à regarder, exclusivement ou presque, vers la route. Seule la FDJ dirigée par les frères Madiot, illustres spécialistes en leur temps, réserve au cyclo-cross une belle part de gâteau.

Didier Dufour a lui aussi très vite accroché. Né le 22 mai 1967 à Châteauroux, il prend sa première licence au VC ligniérois à huit ans. « J'étais mauvais en tout, sourit-il. Plutôt un rouleur, un puncheur. Je n'aimais pas subir la course. »

Sorti des rangs juniors suite à des différends « entre adultes », il intègre l'Amicale cycliste de Sancoins avant de revenir au bercail, quatre ans plus tard. Didier a goûté au cyclo-cross et il a adoré. « Je faisais quelques courses sur route en guise de préparation, mais c'est le cyclo-cross que je préférais. L'artisan du cycle berruyer, Jean Thirouard, me faisait mes plans d'entraînement. »

Le jeune Ligniérois cumule les belles performances, sans toutefois parvenir à décrocher un titre régional. Il reste cependant fidèle au cyclo-cross, plus mordu que jamais, tout en préparant un CAP de couvreur à Bourges. En 2001, il met un terme à sa carrière pour reprendre l'entreprise familiale. Mais du haut des toits, il garde un 'il sur son club fétiche, au sein duquel il est toujours dirigeant et qu'il a présidé de 1996 à 2006.

Durant ces onze années, il crée les 4 heures de VTT à Lignières, qui figureront un bon moment au rang des incontournables épreuves vététistes de la région Centre. Mais aussi un championnat régional de cyclo-cross, au plan d'eau de Lignières. Cette édition de 2001 faisait suite à celle de 1985, à la Baratherie, remportée par un certain Denis Roux. Elle restera gravée dans les esprits tant il faisait un froid de canard. « Le Loir-et-Chérien Nicolas Vogondy avait triomphé par une température de -15°, se souvient Didier Dufour. Il nous a fallu attendre quinze jours pour pouvoir enlever les piquets, tant le sol était gelé ! »

Arnaud Champagne, puis Jean-Yves Beauchaud lui ont succédé à la présidence. Mais il est toujours dirigeant au VC ligniérois. « J'en avais un peu marre, la lassitude s'était installée, avoue-t-il. Mais je suis resté au club d'autant plus que mes deux enfants, Charlène et Florian, ont intégré à leur tour l'école de vélo de Lignières ». Sur les organisations, il est en charge des bénévoles et de la sécurité, « et je suis aussi et surtout mécène ».

Didier Dufour est assurément le grand argentier du cyclisme ligniérois. Il s'était d'ailleurs fortement impliqué, financièrement et physiquement, dans l'organisation de la première manche du Challenge national La France cycliste, le 30 octobre 2011, sur le site du Pôle de l'âne et du cheval, à Lignières. Depuis, son bébé a bien grandi. Jusqu'à devenir, ce week-end, un championnat national.

Dans la foulée du Challenge national, Didier Dufour nous avait confié son rêve d'organiser une étape de coupe du monde. Alors quand Jean-Pierre Gibourdel, patron des organisations aujourd'hui à la retraite, lui a demandé s'il était intéressé par un National, il a aussitôt dit oui. « La ville de Saverne s'était désistée. Au VC Ligniérois, on avait prouvé notre savoir-faire, explique-t-il. Pourtant, une manche de coupe du monde est plus abordable : 150.000 € suffisent, contre 250.000 pour les Franceæ »

Didier a donc encore retroussé les manches, comme nombre de bénévoles du club. Il est parti à la chasse aux partenaires, a remis la main au portefeuille. « La banque nous a consenti un prêt de 90.000 € parce que j'ai l'entreprise, admet le couvreur. Il fallait ça pour payer les droits d'organisation à la Fédé… ».

Depuis des mois, Didier et les bénévoles 'uvrent sur leur grand chantier. L'escalier et les passerelles, les chapiteaux, les podiums, les buvettes, l'accueil… Au fur et à mesure que l'échéance approche, la cadence s'intensifie. Les parcours (échauffement et compétition) sont achevés, 2.500 piquets ont été plantés, 6.000 mètres de filets posés, la signalétique et les panneaux des partenaires aussi.

« Le matin, je file à l'entreprise donner les directives et le planning à mes gars. Puis je pars sur le site pour la journée. Je m'endors vers minuit et je me réveille sur le coup de trois heures du mat'. J'ai un crayon et un papier près de moi. Dès qu'une idée nous vient, à Corinne, mon épouse, et à moi, on l'écrit… ».

Sa femme le soutient et l'aide avec ferveur tout en se battant avec un courage incroyable contre une p… de maladie. Elle sera présente à ses côtés à partir de demain. Il va falloir diriger 250 bénévoles, et assurer notamment 800 repas à servir les samedi et dimanche, à midi.

Didier Dufour espère entre 6.000 et 10.000 entrées payantes sur les deux jours de compétition. Quelque 1.500 crêpes seront confectionnées et une tonne de frites a été commandée ! Y'a plus qu'à…

Nadine Maréchal