Giro : Pierre Rolland, « le seul à avoir pris des risques » - (Team EUROPCAR)

Dominique Arnould revient sur l’incroyable Giro réalisé par son équipe. Et même s’il savait Pierre Rolland capable d’un exploit, son directeur sportif ne pouvait pas s’imaginer qu’il briguerait le podium. De quoi nourrir les ambitions de toute une équipe.

« Pour moi, plus rien ne sera jamais pareil », révèle Pierre Rolland dans L’Équipe, après avoir réussi à suivre Nairo Quintana sur les pentes vertigineuses du Plan di Montecampione. Car ce jour-là, il a fait jeu égal avec celui que certains considèrent comme le meilleur grimpeur actuel. Mieux encore, il a dépassé toutes les espérances en terminant à la 4^e place finale du classement général.

Car au départ, même si les ambitions étaient élevées, le Team Europcar et son leader faisaient partie des outsiders, pas vraiment des favoris. « Après le chrono par équipes en Irlande, on ne s’imaginait pas faire un tel Giro », glisse Dominique Arnould. Sur cette première semaine, on a beaucoup vu les Verts : « on a réussi à avoir toujours un coureur dans les bons coups, et ça c’est important », souligne-t-il encore, un brin admiratif de ses coureurs, « on a exploité toutes les étapes qui pouvaient nous convenir ».

Même si la victoire d’étape a manqué aux coureurs, il y a la confirmation d’un vrai leader : Pierre Rolland. « On savait que le top 10 était accessible pour Pierre, mais c’est au fil des jours qu’on s’est mis à rêver du top 5 et du podium », raconte son directeur sportif. Et du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas. Ce pas, c’est peut-être lors de la 16^e étape que Pierre Rolland l’a franchi : « j’étais le premier étonné de le voir réaliser un tel exploit sur cette étape. Pierre aime la chaleur et dans ces conditions terribles de neige et de froid, il aurait pu être en mauvaise posture. Là, il a fait un grand numéro ». Mieux, au contact des meilleurs, il n’a pas hésité à donner de sa personne pour obtenir un résultat : « Il est le seul leader bien placé au général à avoir pris des risques, à avoir attaqué de loin », souligne fièrement Dominique Arnould.

Une force collective derrière son leader

Et sur l’ensemble de ce Giro, l’Orléanais a su faire preuve d’une maîtrise hors du commun, comme le souligne son directeur sportif : « Il n’a fait aucune erreur sur les étapes, n’a connu aucune défaillance ». Finalement, là où il reste de la marge, c’est sur les épreuves chronométrées : « Dans le contre-la-montre par équipes, on a fait partie des 5-6 équipes qui sont parties avec des conditions exécrables, de la pluie jusqu’au bout. On a perdu là une trentaine de secondes. Sur les chronos individuels, Pierre a bien limité la casse. Mais il doit encore travailler sur ce domaine, même si sur le dernier chrono, en pente, il fait un super résultat », analyse Dominique Arnould.

L’énorme atout de Pierre Rolland, c’est aussi d’avoir pu compter sur un collectif galvanisé par ses performances : « L’équipe a fait un boulot extraordinaire pour Pierre Rolland sur ce Giro. Quand le leader marche, le collectif est à fond derrière lui et réciproquement. Quand on joue le classement général, les coureurs sont solidaires et ils se sont tous défoncés pour Pierre dans la dernière semaine ».

Avec un tel niveau affiché sur ces trois semaines de course, le Team Europcar peut nourrir des ambitions légitimes : « Pierre a montré qu’il pouvait gagner un grand tour ». Le directeur sportif précise sa pensée : « Le Giro lui convient mieux que le Tour de France car il est beaucoup plus montagneux. Même s’il est un peu handicapé dans les très hauts pourcentages par rapport aux petits gabarits comme Quintana ou Pozzovivo, c’est une épreuve qui est taillée pour lui ».

Avant de se relancer à l’assaut des courses du World Tour, la valeureuse équipe sélectionnée pour ce Giro va prendre un peu de repos. Pour la majeure partie d’entre eux, la reprise devrait s’effectuer sur le Tour de Suisse ou sur la Route du Sud. Quant à Pierre Rolland, il ne devrait reprendre la compétition qu’aux Championnats de France. Le leader du Team Europcar devrait ensuite faire partie de la sélection qui disputera le Tour de France, en compagnie de Thomas Voeckler et Bryan Coquard. « Pour les autres, leur sélection devrait s’établir en fonction de leur état de forme et de leurs résultats sur le Dauphiné et sur le Tour de Suisse », nous confie encore un Dominique Arnould comblé.

« On a vécu un Giro passionnant, avec beaucoup d’émotion et des étapes de folie… »